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Pour ce nouvel Ă©pisode, on se penche sur la question de la recherche utilisateur avec Fanny Aulagner, UX researcher. Si vous pensez que cette discipline n’est rĂ©servĂ©e qu’aux grandes entreprises, restez dans le coin ! On va voir de quelle manière il est possible de faire connaissance avec les personnes qui utilisent votre produit (ou service) afin d’amĂ©liorer ce dernier. Pas de panique, les mĂ©thodes que l’on aborde aujourd’hui sont accessibles au commun des mortels.Â
Au sommaire :Â
En quoi consiste la recherche utilisateur
Comment mener une recherche utilisateur quand on n’y connaît rien ?
Comment exploiter les données utilisateur au quotidien ?
Bonne lecture !
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Commençons par prĂ©ciser ce qu’est la recherche utilisateur. Et pour ça, quoi de mieux que d’en demander la dĂ©finition Ă une personne dont c’est le mĂ©tier ?Â
Pour Fanny, son mĂ©tier consiste avant tout Ă comprendre les personnes qui vont se servir d’un produit ou d’un service. En effet, l’UX researcher dĂ©crypte les attentes, les besoins et les motivations des utilisateurs. Â
“Pour moi, la recherche utilisateur se concentre sur la compréhension des comportements, des besoins et des motivations des utilisateurs par le biais de différentes techniques d'observation, d'analyse et plein d'autres méthodologies qui permettent de recueillir des retours. Cela passe aussi par une certaine posture, une envie de comprendre les autres.” - Fanny Aulagner, UX Researcher.
La recherche permet d’apporter des rĂ©ponses, mais pas de solutions miracles. En effet, les rĂ©sultats obtenus aident l’entreprise Ă sĂ©lectionner des pistes de rĂ©flexions qui doivent ensuite ĂŞtre testĂ©es. Â
Selon une idĂ©e reçue, la recherche utilisateur ne serait rĂ©servĂ©e qu’aux grandes entreprises qui ont les moyens de mobiliser des Ă©quipes dĂ©diĂ©es. Rassurez-vous, c’est faux, et heureusement !Â
En rĂ©alitĂ©, la recherche utilisateur accompagne les entreprises Ă tout moment de leur existence, et mĂŞme avant leur crĂ©ation ! Prenons quelques exemples de situations qui peuvent nĂ©cessiter de passer par une phase de recherche utilisateur : Â
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Fanny explique que certains de ses clients font appel Ă ses services lorsqu’ils veulent valider une hypothèse de marchĂ©. Le rĂ´le de l’UX researcher est alors de confronter le marchĂ© Ă la problĂ©matique envisagĂ©e pour voir s’il y a rĂ©ellement un besoin. Cela Ă©vite de tomber dans un piège fatal Ă beaucoup de startups : dĂ©velopper un produit pendant des mois, puis se rendre compte que le marchĂ© est inexistant.Â
La recherche permet Ă©galement de tester l’utilisabilitĂ© d’une interface le plus tĂ´t possible. L’intĂ©rĂŞt ? Anticiper d’éventuels problèmes avec l’expĂ©rience utilisateur, et les corriger avant de dĂ©velopper le produit.Â
Cela fonctionne aussi pour tester de nouvelles fonctionnalitĂ©s. Par exemple, on peut vĂ©rifier les points suivants :Â
Globalement, la recherche permet d’apporter des rĂ©ponses Ă un large spectre de questions. Par exemple, vous constatez qu’une de vos landing pages n’est pas beaucoup consultĂ©e. L’objectif de la user research sera donc d’expliquer pourquoi cette page n’obtient pas beaucoup de trafic.Â
Fanny explique :Â
“Mon rôle, ça va être de trouver des méthodologies qui vont pouvoir répondre à ces questions. Le livrable, ce sont les réponses. Après, on peut réfléchir ensemble à des pistes d'amélioration”
La recherche utilisateur aide Ă prendre des dĂ©cisions cohĂ©rentes, et Ă faire le lien entre votre produit et les personnes qui s’en servent. La discipline repose sur des mĂ©thodes, mais aussi sur une posture particulière qui demande beaucoup de curiositĂ©, d’empathie, et de rĂ©silience.Â
Ceci étant dit, peut-on faire de la recherche utilisateur si l’on n’est pas soi-même UX researcher ? Voyons cela.
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Rassurez-vous, il est tout Ă fait possible d’enfiler votre plus beau trench de dĂ©tective sans pour autant ĂŞtre Sherlock Holmes. Fanny prĂ©sente trois mĂ©thodes que vous pouvez mettre en Ĺ“uvre dès aujourd’hui.Â
Une première manière d’obtenir des informations liées à vos utilisateurs, c’est de consulter les données que vous avez déjà sous la main. Fanny propose ici deux outils : Google Analytics et Hotjar.
Google Analytics est un outil gratuit qui constitue une aide prĂ©cieuse pour mieux comprendre le comportement de vos utilisateurs. Si vous ne l’avez pas dĂ©jĂ installĂ©, vous pouvez commencer par lĂ .Â
Vous pourrez ensuite obtenir de nombreuses mesures et composer des tableaux de bord ultra-personnalisĂ©s. Google Analytics vous permet par exemple de connaĂ®tre le taux de rebond d’une landing page, le temps passĂ© sur chaque page, l’appareil et le navigateur utilisĂ©s, des donnĂ©es dĂ©mographiques, etc.Â
Hotjar est un autre outil intĂ©ressant pour comprendre les interactions entre un site ou une application web, et les utilisateurs. Hotjar gĂ©nère des “heat maps”, autrement dit, des cartes de chaleur, qui reprĂ©sentent visuellement les zones sur lesquelles les visiteurs passent plus de temps. On peut aussi voir jusqu’oĂą ils scrollent, oĂą ils cliquent, ce qu’ils surlignent etc.Â
La version gratuite permet d’analyser le comportement de 35 utilisateurs maximum par jour.Â
Le questionnaire est un moyen simple d’obtenir les rĂ©ponses aux questions que vous vous posez. Mais attention, s’il est effectivement facile de crĂ©er et partager un questionnaire, il est beaucoup moins Ă©vident de rĂ©diger des questions pertinentes.Â
“La manière dont la question est posée joue beaucoup dans la réponse. Malheureusement, je vois pas mal de questionnaires avec des questions qui orientent les réponses.”
Pour Ă©viter cela, Fanny partage quelques bonnes pratiques :Â
Pour cela, formulez vos questions de manière Ă ne laisser aucun doute sur leur sens. Si vous devez employer des termes techniques, pensez Ă les dĂ©finir.Â
N’hésitez pas à faire relire vos questions par plusieurs personnes avant de les partager.
Attention Ă©galement Ă la formulation des rĂ©ponses proposĂ©es. Soyez prĂ©cis. Par exemple, pour une question relative Ă la frĂ©quence d’utilisation d’un produit, ne proposez pas : “souvent - occasionnellement - rarement”.Â
En effet, personne n’a la mĂŞme dĂ©finition de ce que “souvent” reprĂ©sente.Â
Proposez plutĂ´t des rĂ©ponses qui permettent de mesurer la temporalitĂ©, comme “entre 1 et 4 fois par mois”.Â
Les questions ouvertes permettent de rĂ©pondre ce que l’on veut dans un champ de texte. Le temps de traitement est donc plus long, et cela risque de vous dĂ©tourner de l’objetif initial.Â
Favorisez des questions fermĂ©es, mais larges. La rĂ©ponse ne doit pas ĂŞtre “oui” ou “non”.Â
Par exemple, vous pouvez demander “Que pensez-vous du contenu textuel de la page d’accueil ?”.
Vous pouvez utiliser une Ă©chelle de Likert, qui permet de jauger les rĂ©ponses. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, ça donnerait : Â
Si vous avez plus de temps, vous pouvez bien entendu permettre aux répondants de développer librement leur propos !
Il est possible que les personnes qui répondent à votre questionnaire n’aient pas d’avis tranché sur une ou plusieurs questions. Ce n’est pas grave. Et c’est précisément pour cela qu’il est conseillé d’inclure une “valeur refuge”, c’est-à -dire une réponse neutre.
Cette valeur refuge permet d’inciter les personnes Ă rĂ©pondre Ă l’intĂ©gralitĂ© du questionnaire sans frustration. De plus, cela Ă©vite de les forcer Ă donner une rĂ©ponse avec laquelle elles ne seraient pas en accord.Â
Connaissez-vous le biais de sĂ©rie ? Il s’agit d’un biais cognitif qu’il est essentiel de prendre en compte dans la conception de vos questionnaires. Â
“On s’est rendu compte que si l’on présente une liste d’items à des utilisateurs, ils vont retenir le premier et le dernier élément, mais accorder moins d’importance aux items du milieu.” - Fanny Aulagner, UX Researcher.
Comment Ă©viter cela ? En activant l’option “proposer les rĂ©ponses dans un ordre alĂ©atoire”. Cette option est gĂ©nĂ©ralement disponible dans les outils de crĂ©ation de questionnaires tels que Google Forms.Â
Pour approfondir les rĂ©ponses Ă vos questions, que diriez-vous de les poser directement aux principaux intĂ©ressĂ©s ?Â
Vous pensiez peut-ĂŞtre pouvoir y Ă©chapper… Mais croyez-moi, aller Ă la rencontre de ses utilisateurs est le meilleur moyen d’obtenir des retours qualitatifs.Â
Si cette idĂ©e vous angoisse, rassurez-vous. Dans 90% des cas, la dĂ©marche sera apprĂ©ciĂ©e.Â
“Parfois, on n'ose pas aller vers les gens. On se dit qu'ils ne vont pas avoir le temps de nous répondre, de donner leur avis. En réalité, la majorité des gens sont très contents. C'est très apprécié que l’on vienne vers eux pour connaître leur avis.” - Fanny Aulagner, UX Researcher.
Il serait dommage de passer Ă cĂ´tĂ© d’une telle mine d’informations, d’autant plus qu’il n’est pas obligatoire de rencontrer les utilisateurs en personne. Il est tout Ă fait possible de poser des questions en visio ou au tĂ©lĂ©phone.Â
Cependant, comme pour les questionnaires, suivre des bonnes pratiques Ă©vite de fausser les rĂ©sultats.Â
Par posture neutre, comprenez une posture qui n’est ni trop amicale, ni trop froide. D’entrĂ©e de jeu, instaurer un climat de confiance en faisant comprendre qu’il ne s’agit pas d’une Ă©valuation et qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises rĂ©ponses. Le but n’est pas de porter un jugement sur ce que la personne va dire.Â
L’écoute active est indispensable dans le cadre d’un entretien utilisateur. Cela consiste Ă abandonner les idĂ©es prĂ©conçues que l’on peut avoir, pour vĂ©ritablement entendre ce que l’autre nous dit. Â
“Si vous faites l'exercice autour de vous, vous allez vous rendre compte que l’on a tendance à beaucoup présupposer ce que les autres pensent, et assez peu écouter ce qu'ils ont à nous dire.”
Dans le mĂŞme ordre d’idĂ©es, n’essayez pas Ă tout prix de combler les silences. Ils en disent plus que ce que l’on peut imaginer. Vous pouvez Ă©galement creuser ce que votre interlocuteur vous dit, en demandant “pourquoi” autant de fois que nĂ©cessaire.Â
D’ailleurs, favorisez les questions qui commencent par “Comment”, “Pourquoi” au dĂ©triment de celles qui commencent par “Est-ce que”.Â
Ce conseil est important si la personne qui rĂ©alise les entretiens est elle-mĂŞme impliquĂ©e dans la conception du produit.Â
“Quand on est la fondatrice, le fondateur, c'est très compliqué d'entendre des gens nous dire qu’ils n’aiment pas telle ou telle chose, alors qu’on y a passé du temps.”
Pourtant, lorsqu’on n’a pas le budget ou le temps pour faire appel Ă un·e UX researcher, il faut savoir se faire violence et se prĂ©parer Ă entendre des retours qui ne seront pas forcĂ©ment positifs. C’est une posture qui n’est pas innĂ©e, mais qui peut se travailler. ConsidĂ©rez les retours utilisateurs comme des opportunitĂ©s d’aller de l’avant et d’amĂ©liorer votre produit.Â
Ces premières méthodes vous permettront d’obtenir des réponses à vos questions ponctuelles. Mais comment intégrer les réflexes de recherche utilisateur au quotidien, sans équipe dédiée ?
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Plus votre entreprise grandit, plus les points de contacts avec les utilisateurs se multiplient. Mettre en place un système pour permettre Ă tout le monde d’exploiter les retours des utilisateurs est donc loin d’être inutile. Voyons ce qu’il est possible de faire.Â
Dans l’entreprise, tout le monde peut nourrir la connaissance des utilisateurs. Par exemple, les équipes commerciales peuvent remonter les objections à l’achat tandis que le support client sait où les utilisateurs ont des difficultés. Comment faire en sorte que chaque équipe ait connaissance des informations des autres ?
“Plus on commence à avoir de data autour des utilisateurs, plus c’est difficile de les structurer”.
La mise en commun de ces donnĂ©es nĂ©cessite une certaine organisation. Il existe des outils comme Dovetail, qui permettent de stocker les retours des utilisateurs et de faire des liens entre diffĂ©rentes thĂ©matiques. Fanny prĂ©cise cependant que cet outil est assez technique, et qu’il est plutĂ´t conçu pour les Ă©quipes dĂ©diĂ©es Ă la recherche.Â
D’autres outils font parfaitement l’affaire pour classer et catĂ©goriser les donnĂ©es liĂ©es Ă la recherche utilisateur. Vous pouvez par exemple utiliser des dossiers dans un drive, ou des logiciels de gestion des connaissances comme Notion.Â
L’idĂ©al pour s’y retrouver, c’est de crĂ©er un sommaire qui liste les diffĂ©rentes Ă©tudes et les thĂ©matiques associĂ©es.Â
Si vous souhaitez aller plus loin dans votre quĂŞte de connaissance des utilisateurs, vous pouvez vous former, ou former votre Ă©quipe.Â
Cela permet par exemple de :Â
Fanny intervient elle-même en entreprise pour démystifier son métier, et permettre à tout le monde de faire de la recherche utilisateur. Selon vos objectifs, les formations qu’elle propose peuvent durer une journée, ou bien s’étendre sur plusieurs mois. Pour en savoir plus, vous pouvez contacter Fanny sur son Linkedin (voir juste après)
Si ce sujet vous intĂ©resse, je vous invite Ă Ă©couter l’intĂ©gralitĂ© de mon Ă©change avec Fanny.Â
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Pour contacter Fanny :
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Outils mentionnés :
- Hotjar
- Dovetail
- Notion